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Dispersions épistolaires et imagées! Bref, un peu de moi dans cette immensité numérique ...

Destination 140 mythes et légendes: Andronik et l'art de vivre - 2010 -

ATELIER D ECRITURE

 

Destination 140 mythes et légendes: Andronik et l'art de vivre

Il était une fois, une étincelante citadelle bâtie sur un champ de cirrocumulus. Baptisée Iona, elle abritait une dizaine de dieux, des milliers de simples mortels et un héros.

Andronik, petit homme trapu d'1m50, toujours vêtu d'un chiton chocolat et d'un pilos bleu saphir, devait supporter depuis sa naissance son statut de héros. Il avait pour mère Eurydice, une autochtone discrète et peureuse et pour père une des onze divinités qui régnaient sur la polis.

Depuis toujours Andronik avait comme seule liberté le droit de faire face à ses obligations.

 Comme par exemple, gérer les litiges entre les Ionans, protéger sa cité des dangers quels qu'ils soient, supplier les Dieux (les plus paresseux des habitants) d'intervenir dans les cas les plus terribles...Il ne se passait pas un jour sans que Iona souffre. Il y avait les guerres où seule la mort sortait vainqueure, il y avait les déchaînements naturels qui détruisaient la moindre esquisse d'une vie paisible, il y avait les monstres toujours prêts à détourner du droit chemin les rares humains dotés de bonté et il y avait la lutte perpétuelle contre les vices : l'orgueil, l'oisiveté, l'avarice... Une lutte sans merci pour faire naître une once de béatitude. Un combat perdu d'avance.

Son statut de héros, souvent jalousé et bardé d'utopies le faisait évoluer dans un carcan dont il ne pouvait pas s'échapper.

Un matin où le rhapsode Agafon lui contait une fois de plus les péripéties ancestrales de Iona, l'ouïe d'Andronik fût inexplicablement attirée par des voix délicieuses venues de la fibreuse nappe d'altrostatus. Les chants étaient aériens et irrésistibles. Ils ne cessaient de dessiner un monde meilleur où le héros pourrait enfin s'épanouir, où il serait juste un citoyen lambda. Les sirènes ailées fredonnaient des odes aussi alléchantes les unes que les autres.

"Oh charmant Andronik tu détiens les clés de ta liberté

Rejoins-nous, muses féeriques, et ta vie ne sera que concupiscence et volupté.

Préfères-tu continuer à t'infliger la bêtise humaine ou choisis tu de réussir dans notre paradis ?"

A ce moment précis, malgré tous les conseils avisés d 'Agafon, Andronik pour la première fois de sa vie se sentait happé vers un monde uniment bon, étant à l'opposé de sa misérable existence héroïque.

Ensorcelé par ces beautés ailées, il signa de son sang le papyrus qu'il n'eut même pas pris la peine de lire.

Ni une ni deux, le courtaud à la chevelure blonde se retrouva aspiré par le tourbillon brumeux et fût injecté dans son nouveau monde.

Ses sens dégoulinaient d'allégresse face à cette atmosphère naturellement magnanime. Les fruits étaient aussi colorés que juteux. L'eau saline était cristalline et sa fraîcheur déclenchait un sourire réflexe. Les elfes câlinaient ses tympans en tricotant les cordes de leurs lyres. Ce monde était idyllique. Point de hiérarchies entre les êtres et guère de démons. De plus, les catastrophes naturelles et les vices avaient été éradiqués. Les journées étaient rythmées par l'activation des sens et l'amour entre les êtres.

Les années passèrent et Andronik commençait à se lasser d'un quotidien si paisible et vide de sens. Iona lui manquait, aider les autres, l'amour de ses proches, surmonter des épreuves pour avancer, apprendre, échanger... Il avait si soif de toutes ces situations... Le temps passé sur ce dit paradis le vidait jour après jour. Les souvenirs disparaissaient les uns après les autres, ses connaissances s'évadaient grains de sable après grains de sable face au sablier du temps.

L'ancien héros décida donc de rentrer. Après moult échecs, il s'aperçut qu'il était prisonnier de ce lieu. Il demandait aux sirènes volantes les raisons de cet enfermement.

"Oh charmant Andronik, toi qui a consommé ta liberté avec nonchalance...

Petit écervelé qui nous a donné ta richesse, tes souvenirs et ta chance.

Chaque jour nous avons bu tes connaissances, nous avons pris ta forme humaine à Iona et nous avons fait régner la terreur depuis toutes ces années.

Mon pauvre Andronik, tu as signé le papyrus, tu as signé ta mort puisque dans quelques temps tu ne sauras même plus qui tu es.

A l'heure actuelle ta mère est morte de tristesse et de solitude, ta cité n'est animée que par des êtres avides de pouvoir et où l'ordre et la démocratie sont aussi présents que toi.

Ah ah ah! Miséricordieux esclave, tu t'es acheté ta liberté, celle qui te fera souffrir comme jamais.

Celle qui te comblera par sa solitude et qui t'emportera."

Andronik venait de comprendre à quel point il avait sacrifié sa Iona, sa famille et ses citoyens. L'égoïsme l'a conduit à sa perte. Il voulait s'occuper de son bonheur, cela l'a conduit à sa déchéance la plus intégrale. Réaliser sa chance passée ne la lui rendra pas. Il a tué sa mère et détruit son état. Quel héros!

 

Moralité: rien ne sert de jalouser les autres, de croire en une vie parfaite, en outre d'écouter le chant des sirènes. C'est en vivant l'instantanéité des bons moments que nous construisons un bonheur qui ne pourra par définition, jamais être constant.

 

Léna Dlp – 2010 -

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